La participation des détenteurs à la sauvegarde de leur patrimoine culturel : émergence d’un standard juridique / Clea Hance

Soutenances de thèse

Résumé de la thèse

La notion de patrimoine culturel n’est plus limitée aujourd’hui aux monuments historiques, sites archéologiques symboliques, ou collections de musées d’envergure nationale, mais comprend aussi le patrimoine culturel associé à des groupes infra-étatiques porteur d’une diversité culturelle. Dans ce contexte, les enjeux de sauvegarde du patrimoine font face à de nouveaux défis : la possibilité de transmettre un patrimoine vivant dans le temps autour de l’émergence d’un principe de participation des détenteurs. Bien que ce principe semble de plus en plus mobilisé, notamment présent en droit international dans la Convention UNESCO de 2003 sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, les droits culturels consacrés par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ou encore en droit de l’environnement, etc. ; son effectivité reste débattue pour deux raisons principales : d’une part, le manque de définition concise de cette notion de participation et, d’autre part, la réticence qui existe dans beaucoup de droits nationaux à consacrer un droit explicite des détenteurs à cette participation. Cependant, le postulat de notre thèse est que l’effectivité juridique ne se limite pas à la consécration explicite et clairement définie d’un droit mais peut découler d’une variété de phénomènes juridiques. Nous nous sommes inscrits dans la lignée doctrinale « droit et société » nous permettant de dépasser une approche positiviste du droit afin d’étudier des phénomènes normatifs plus larges. Notamment, nous voulons démontrer qu’il existe un droit de participation incarné dans un standard juridique lui conférant une force contraignante. Cette démonstration se déroule en deux temps. En premier lieu, nous précisons cette notion de participation en adoptant une approche méthodologique interdisciplinaire et internationale. Nous avons retracé en France et aux États-Unis les phénomènes sociaux et juridiques qui traduisent l’émergence de ce principe de participation et ses modalités d’expression. Cette analyse se fonde sur une approche historique, complétée par un terrain d’études entrepris dans les deux pays au cours duquel nous avons rencontré des détenteurs et acteurs publics de la sauvegarde du patrimoine culturel pour mieux définir les enjeux de participation. En second lieu, nous déterminons les mécanismes d’émergence d’un standard juridique et discutons en quoi cet outil offre un cadre d’analyse pertinent nous permettant d’identifier l’existence d’un droit de participation au regard des dynamiques participatives identifiées dans nos deux pays d’études ainsi que ses modalités de mise en œuvre.

Mots-clés :droit du patrimoine culturel,politiques culturelles,théorie du droit,droits culturels,participation,pluralisme normatif

Informations pratiques

Mardi 22 novembre 2022 > 15h00 ENS Paris-Saclay 4, avenue des Sciences 91190 Gif-sur-Yvette Salle : 1Z31

Composition du jury

Janet Blake, professeure des universités, Shahid Beheshti University – rapporteure
Céline Romainville, professeure des universités, Université catholique de Louvain – rapporteure
Caroline Moine, professeure des universités, Université de Versailles Saint Quentin – examinatrice
Michelle Stefano, professeure des universités,  Library of Congress – examinatrice
Noé Wagener, professeur des universités, Université Paris-Est Créteil – examinateur
Christian Delporte, professeur des universités, Université de Versailles Saint Quentin – invité
Marie Cornu,  directrice de recherche CNRS, directrice de thèse