«Les voix du rétablissement». Sociologie politique des groupes de parole, le cas des Outremangeurs Anonymes / Juliette Froger-Lefebvre

Soutenances de thèse

Résumé de la thèse

Cette thèse analyse le processus d’institutionnalisation de groupes de parole consacrés aux personnes souffrant de troubles alimentaires, se réunissant sans médiation médicale, les Outremangeurs Anonymes (OA). Pris dans un marché thérapeutique dominé par l’offre psychiatrique spécialisée, légitimée par les institutions et les politiques publiques destinées à lutter contre l’obésité d’un côté et l’anorexie et la boulimie de l’autre, les OA proposent un modèle de soins fondé sur la tradition religieuse évangélique et l’individualisme thérapeutique. Ouverts à tous, même sans diagnostic médical, ils captent la population résiduelle en marge de la prise en charge institutionnelle. Très hétérogène, la composition des groupes dévoile les conditions sociales de la reconversion, ainsi qu’une hiérarchisation des membres selon leur appartenance sociale d’origine. Entreprise de distribution de biens de salut et de santé, ils sont créés aux États-Unis dans les années 1960 et importés en France en 1983, via l’émergence de cheffes charismatiques, garantes de la tradition. Entre dénonciation de la domination du savoir médical et réappropriation des représentations légitimes, ils entretiennent une position ambiguë, caractéristique de leur hétéronomie, travaillant paradoxalement à leur reconnaissance vis-à-vis des médecins et des pouvoirs publics, tout en conservant une forme d’activisme thérapeutique.

Mots-clés : institutionnalisation – groupes de parole – troubles alimentaires – politiques publiques – individualisme thérapeutique – activisme thérapeutique.

Informations pratiques

Mardi 13  octobre 2020
> 14h
Université Paris Nanterre

Composition du jury

Janine Barbot, Directrice de recherche, INSERM, CEMS (rapporteure)
Laurie Boussaguet, Professeure des universités, Centre Robert Schuman – Institut Universitaire Européen de Florence (examinatrice)
Pascale Laborier, Professeure des universités, ISP, Université Paris Nanterre (directrice de thèse)
Lilian Mathieu, Directeur de recherche, CNRS, Centre Max Weber (rapporteur)
José Luis Moreno Pestaña, Maître de conférences, Université de Grenade, CESSP-CSE (examinateur)
Jean-Pierre Poulain, Professeur des universités, Université Toulouse Jean-Jaurès, CERTOP (examinateur)