Devenir et demeurer un Big Man sportif Une enquête sur la socialisation des footballeurs africains./ Hervé KOUAMOUO

Soutenances de thèse

Résumé de la thèse :

S’ils constituent environ 15% des effectifs des joueurs de football professionnels en France, les Africains sont quasiment absents des postes d’encadrement.

Très visibles sur les terrains, quelles sont les raisons pour lesquelles les anciens joueurs africains sont aussi invisibles à ces postes qui constituent pourtant l’essentiel de la reconversion en interne (Hugues, 1958; Becker, 1985) ? Notre travail basé sur une articulation du Big man en tant qu’institution d’emprise tend à démontrer que les joueurs africains peuvent avoir une socialisation et une perception de la réussite différentes de celles de leur milieu professionnel. Sur la base d’une enquête multi-située (Marcus, 1995), d’une observation participante sur plusieurs sites entre France, Belgique et Allemagne, et de netnographie, notre travail montre que par la pratique du football, se jouent des mécanismes de représentation permettant une hiérarchie au sommet de laquelle se trouvent des Big men, ces personnes qui cumulent les richesses symbolique, économique et politique.

Par l’extraversion, l’utilisation des ressources provenant du système international, ces Big men accaparent des poches d’accumulation leur permettant de mettre durablement sous leur autorité des groupes de dépendants.

À l’origine, seul l’Etat moderne offrait la possibilité d’accéder à ces statuts, désormais accessibles par migration. Le football offre la possibilité à des joueurs de représenter leur pays, leur permettant d’entrer ainsi dans la compétition pour des positions de prestige dans leur environnement national. Mais, si les résultats sportifs et les salaires perçus de leurs clubs professionnels leur offrent richesses symbolique et économique, ils n’ont pas la même reconnaissance que les Big men issus de la configuration étatique. De même, ils ne peuvent pas toujours maintenir un différentiel de prises sur les personnes les plus proches de leur entourage, qui bénéficient de moyens de déprise et peuvent se mettre en compétition avec eux. La fin de leur carrière sur les terrains crée une tension entre l’impossibilité d’être un ancien Big man, et la fin des importants revenus produits par les contrats de joueur.

Pour maintenir leur place dans positions hautes, les anciens internationaux créent donc de nouvelles alliances en diaspora et se maintiennent ensemble en position de jouer des rencontres, espérant ainsi maintenir une position leur permettant de négocier un pôle d’accumulation entre le football et le pays d’origine.

Informations pratiques

Lundi 8 janvier 2024 > 14h00 Université Paris-Nanterre, Bâtiment STAPS, amphithéâtre Alice Milliat

Le jury sera composé de :

M. Nicolas BANCEL, Professeur, Université de Lausanne, Président

Mme Marina HONTA,  Professeure des Universités, Université de Bordeaux, Rapporteure

M. Pierre-Olaf SCHUT, Professeur des Universités, Université Gustave Eiffel, Rapporteur

Mme Nathalie LEROUX, Maîtresse de conférences HDR, Université Paris Nanterre, Examinatrice

M. David-Claude KEMO-KEIMBOU, Maître de conférences HDR, Université Paris Saclay, Examinateur

M. Patrick TRABAL, Professeur des Universités, Université Paris Nanterre, Directeur de thèse

M. Pascal CHARITAS, Maître de conférences, Université Paris Nanterre, Co-encadrant de thèse