« Visiter le passé, le Musée de la mémoire et des droits humains à Santiago comme expérience »/ Malena Bastias

Soutenances de thèse

Résumé de la thèse

Cette thèse a pour sujet l’institutionnalisation de la mémoire de la dictature au Chili à travers sa constitution comme catégorie d’action publique. Elle examine l’un des outils mis en place par l’État à cet effet, le Musée de la mémoire et des droits humains, en analysant sa genèse, son récit et sa réception auprès du public. C’est l’entrecroisement entre le faire voir du lieu et le voir des visiteurs qui est au cœur de l’analyse. Inspiré par d’autres lieux de ce type existants dans le monde, à la fois objet d’éloges et de critiques, le musée s’avère être un endroit privilégié pour observer les circulations et les appropriations sociales de la mémoire en vue de son processus d’institutionnalisation. À partir d’entretiens semi-directifs, d’observations ethnographiques et de l’application de questionnaires, menés auprès de l’équipe du musée et des visiteurs, ce travail interroge les manières dont l’institution muséale crée, renforce ou va à l’encontre des représentations sociales du passé récent. Il montre que, en tant que dispositif socialement reconnu et légitime, le musée contribue à la consécration sociale de la mémoire promue par l’État. Le musée agit en tant que lieu cadre, qui rend visibles les consensus qui ont accompagné l’élaboration publique du passé depuis le retour à la démocratie, fondés sur un discours déconflictualisé et de rupture avec le passé. La mémoire est mobilisée dans des sens différents mais complémentaires par l’institution et les visiteurs. Si pour la première, la mémoire constitue un outil de gouvernance qui témoigne d’une société démocratique, la mémoire agit comme un repère pour les seconds, pour se positionner et adhérer aux valeurs du collectif. Pour tous les deux, l’exercice de la mémoire est quelque chose de bon, qui rend les sociétés et les individus meilleurs. Cependant, les mobilisations sociales de 2019 au Chili ont montré des rapports au passé récent bien plus complexes que ceux présentés par le discours public jusqu’alors. Le décalage entre les évocations diverses de la mémoire dans et hors les murs du musée, et les questions ouvertes par ce constat au sujet de la mise en récit du passé offrent une nouvelle grille d’analyse qui est également présentée dans cette thèse.

.Mots-clés : mémoire, politiques publiques, musée, visiteurs, dictature, Chili.

Informations pratiques

Mercredi 10 novembre 2021
> 14h
Université Paris Nanterre
Bâtiment Pierre Grappin (B) – Salle (B016) Paul RICOEUR)

Composition du jury

Mme Sandrine Lefranc, Directrice de recherche en sciences politiques, CNRS, Présidente du jury
M. Olivier Compagnon, Professeur des universités, historien, Université Sorbonne Nouvell, Rapporteur
Mme Joëlle Lemarec, Professeure des universités, muséologue, Muséum Nationale d’Histoire Naturelle, Rapporteure
Mme Marie-Claire Lavabre, Directrice de recherche en sciences politiques, CNR, Directrice de thèse
Mme Sarah Gensburger, Directrice de recherche en sciences politiques, CNR, Co-directrice de thèse