Guerres culturelles globales. Circulations Est/Ouest des répertoires politiques conservateurs
La journée d’étude « Guerres culturelles globales – circulations Est/Ouest des répertoires politiques conservateurs » vise à prolonger des réflexions entamées assez largement dans les sciences sociales du politique sur les circulations transnationales des répertoires idéologiques, controverses, formes militantes des conservatismes politiques. Elle les prolongera et les enrichira en mettant l’accent de manière inédite sur les circulations Est/Ouest.
En effet, si ces questions ont fait l’objet de quelques rares travaux dans la littérature internationale (Buzogány, Varga, 2018 ; Neumayer, 2019 ; Varga, Bluhm, 2019), les collectifs de recherche français ne sont pas encore constitués clairement, malgré l’existence d’un fort potentiel. Il s’agit donc de permettre la confrontation entre des objets de recherche coalescents, portés par des chercheurs que les cloisonnements académiques habituels contribuent à éloigner les uns des autres, du fait des traditions de recherche dans lesquelles ils s’inscrivent, ou bien des espaces sur lesquels ils portent. Les circulations visées ici sont autant européennes que transatlantiques. Se focaliser sur l’Europe centrale permet d’affiner ces questionnements. Plusieurs travaux ont souligné le profond renouvellement des formes prises par les transferts et circulations idéologiques, par comparaison avec les années 1990 durant lesquelles l’Europe centrale et orientale se présentait comme simplement périphérique et consommatrice de productions idéologiques importées, via les antennes locales des think tanks européens ou américains (Dakowska, 2014 ; Kuhar, Paternotte, 2017).
Par ailleurs, la notion de « guerre culturelle », malgré son imprécision, vise à attirer l’attention sur des transformations qui restent à mieux spécifier, mais qui résident dans des changements d’échelle et d’intensité des affrontements politiques (Scott-Smith, Lerg, 2017 ; Lewis, Waligórska, 2019) qui semblent s’inscrire dans un mouvement de recomposition des droites européennes et américaines (Plattner, 2019), dans un contexte de réaffirmation de l’État-nation comme espace de ressources dans la globalisation (Bayart, 2004).
L’objet de cette journée est donc de contribuer à des rapprochements entre chercheurs travaillant sur ces thèmes. Elle prendra la forme d’une discussion libre de ces chantiers de recherche, sur la base de textes brefs qui circuleront avant les travaux eux-mêmes.
Programme
10h-13h : Première session : présentation et discussion des travaux des participant.e.s.
Valentin Behr, Institut d’études avancées de Paris.
Les espaces intellectuels conservateurs transnationaux au prisme de la Pologne et de la France.
Anemona Constantin, Institut de Recherches de l’Université de Bucarest.
Les intellectuels conservateurs roumains et le recul de la démocratie en Europe centrale et de l’Est dans une perspective transnationale.
Blandine Chelini-Pont, Université d’Aix-Marseille.
Ressources religieuses de l’illibéralisme : Europe et États-Unis.
Marie-Laure Geoffray, Université Paris-3 Sorbonne Nouvelle.
Circulations transnationales des répertoires conservateurs, entre l’Europe centrale et l’Amérique latine.
Marion Vaillant, Université Paris-II Panthéon Assas.
La circulation des répertoires identitaires en Europe.
Frédéric Zalewski, Université Paris Nanterre, ISP.
Transformations autoritaires et identitaires des droites polonaises.
14h-16h : Deuxième session.
Présentation de l’ouvrage Faire, défaire la démocratie. De Moscou, Bogota et Téhéran au Conseil de l’Europe, co-dirigé par Pascal Bonnard, Dorota Dakowska et Boris Gobille (Karthala, 2021), suivie d’une discussion collective.
Références bibliographiques
Bayart Jean-François (2004), Le Gouvernement du monde. Une Critique politique de la globalisation, Paris, Fayard.
Buzogány Aron et Varga Mihai (2018), « The ideational foundations of the illiberal backlash in Central and Eastern Europe: the case of Hungary », Review of International Political Economy, vol. 25, n° 6, p. 811-828.
Bluhm Katharina et Varga Mihai (2019), New conservatives in Russia and East Central Europe, New York, Routledge.
Dakowska Dorota (2014), Le pouvoir des fondations : des acteurs de la politique étrangère allemande, Rennes, PUR.
Kuhar Roman et Paternotte David (2017), Anti-Gender Campaigns in Europe. Mobilizing against Equality, Lanham, Rowman & Littlefield.
Lewis Simon et Waligórska Magdalena (2019), « Poland’s Wars of Symbols », East European Politics and Societies: and Cultures, vol. 33, n° 2, p. 423-434.
Neumayer Laure (2019), The criminalisation of communism in the European political space after the Cold War, Londres, Routledge.
Plattner Mac F. (2019), « Illiberal Democracy and the Struggle on the Right », Journal of Democracy, vol. 30, n° 1, p. 5-19.
Scott-Smith Giles et Lerg Charlotte A. (2017), Campaigning culture and the global Cold War: the journals of the Congress for cultural freedom, Londres, Palgrave Macmillan.
