AAC « Actrices et Acteurs du soin en guerre »

Argumentaire
Soins en guerre
Université Paris-Nanterre
Soigner en guerre, paradoxe anthropologique majeur des conflits contemporains, relève d’une double logique : celle d’une remise en état des combattants ou de populations jugées dignes d’être secourues et dont on attend une mobilisation guerrière, d’une part ; celle d’une volonté de soin qui ne prendrait pas prioritairement en compte les statuts, les grades, le genre, la nationalité, l’utilité immédiate ou future de l’individu, d’autre part.
Comment différents types de régimes politiques, de traditions professionnelles, de formes d’engagement militaire, de potentiel de recrutement et d’encadrement sanitaire produisent-ils différents régimes de soin ? Qu’est-ce que les acteurs et actrices investis dans le soin en guerre nous apprennent de la nature des conflits et des mobilisations guerrières ? Existe-t-il un paradigme stable du soignant/de la soignante en guerre ou bien les engagements à soigner sont-ils aussi nombreux que les États, les armées, les sociétés en période de conflit ? Dans quelle mesure les modèles d’organisation circulent-ils d’une arme à une autre, d’un terrain à un autre, d’un pays à un autre ? Comment et jusqu’à quel point s’opèrent les coopérations transnationales, les mutualisations et échanges de personnels et de ressources, et quels vecteurs de communication et d’échange sont alors privilégiés ?
Enfin, ces échanges mettront l’accent sur les sources et les méthodes qui permettent d’appréhender les modalités et le fonctionnement du soin en guerre, de façon doublement historienne et pluridisciplinaire, en particulier par des approches sociologiques et anthropologiques.
« Actrices et Acteurs du soin en guerre »
Université Paris Nanterre
13 octobre 2023
– Comment sont formés ces personnels, en temps de paix, et en contexte guerrier, comment le conflit oblige-t-il à des adaptations théoriques et pratiques. ? Assiste-t-on à une professionnalisation accrue du soin en guerre ? En quoi les rapports entre générations de soignants évoluent-ils ?
– Comment les membres divers de ces communautés soignantes interagissent-ils entre eux, selon quelles hiérarchies, jusqu’à quel point les conflits confirment ou recomposent-ils celles-ci et témoignent-ils d’enjeux de pouvoir ou de carrière ?
– En quoi l’accompagnement médical voire médico-social permet-il de redéfinir les contours des professions de santé et les missions de soin ? Dans quelle mesure les soignants et soignantes se revendiquent-ils d’autres formes d’expertise ? Mettent-ils en avant d’autres compétences dans leurs interactions avec les soignés ou les différents niveaux de commandement ?
– À quel point les (multi-)positionnements et les (multi-)assignations de genre, d’ethnicité, de race ou de classe jouent-ils sur les statuts, les avantages ou discriminations, et sur les formes de domination auxquelles les acteurs et actrices du soin font face ?
En s’appuyant sur le renouvellement en matière des sources et sur des approches pluridisciplinaires, nous invitons les candidat.es à s’inscrire dans un ou plusieurs de ces questionnements. Les propositions qui prendraient en compte les enjeux sociologiques, anthropologiques, éthiques, émotionnels, médicaux et juridiques sont les bienvenues. La présentation de travaux en cours, en particulier de la part des doctorants et doctorantes, jeunes chercheurs et jeunes chercheuses, est encouragée.
La journée d’études se tiendra sur le campus de l’Université Paris-Nanterre, et les participants et participantes seront conviés à un déjeuner sur place. Un nombre limité de financements sera également disponible pour celles et ceux qui en feraient la demande, en complément d’autres sources de financement.
Candidater :
Les personnes désireuses de présenter leur travail sont invitées à envoyer un titre provisoire, un résumé de 200 mots maximum, et une courte biographie à
soinsenguerreUPN@gmail.com
avant le 10 juillet 2023. Les propositions retenues seront précisées avant le 30 juillet 2023.
Une publication est envisagée à l’issue d’un cycle de plusieurs manifestations.
Cette journée d’études est financée par l’Institut des sciences sociales du politique (UMR 7220), l’IDHES (UMR 8533) et l’IUF.
Organisateurs :
Claire Fredj (IDHES),
Julie Le Gac (ISP),
Paul Lenormand (ISP),
Ioulia Shukan (ISP/CERCEC)
Comité scientifique :
Laure Humbert (The University of Manchester)
Francisco Javier Martinez (Universidad de Zaragoza)
Benoît Pouget (Sciences Po Aix-en-Provence)
Anne Rasmussen (EHESS)
Bertrand Taithe (The University of Manchester)
Stéphane Tison (Université du Mans)