« Les membres de la convention citoyenne sur la fin de vie ont démontré que le débat démocratique pouvait être plus inclusif »
Publié le 26/04/2023
Le sociologue Jacques Commaille et la juriste Stéphanie Lacour, tous deux « chercheurs-observateurs » lors de la convention citoyenne sur la fin de vie, analysent, dans une tribune au « Monde », les effets positifs de ces délibérations, trop minorés, selon eux.
La convention citoyenne sur la fin de vie (CCFV) vient de se terminer au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Le rapport élaboré par les 184 citoyens qui la composaient a été remis au président de la République. Les commentaires se sont multipliés dans les médias. C’est autant d’espace public pour des sujets que notre société tend habituellement à occulter : la fin de vie et les souffrances qui, parfois, l’escortent, mais aussi le partage des pouvoirs qui se joue alors entre un être humain, son entourage, et tous ceux qui se sont donné pour mission – professionnelle ou bénévole – de l’accompagner. Autant d’espace pour évoquer une évolution encore incertaine de la loi française et un renouvellement nécessaire de notre démocratie.
Ayant suivi, en tant que « chercheurs-observateurs », le déroulement de cette convention, il nous semble que les façons dont il y est fait référence ne valorisent pas assez ce qui pourtant devrait donner matière à réflexion : la mobilisation des citoyens et les leçons à en tirer pour l’avenir. Les analyses savantes publiées au sujet des dispositifs de démocratie délibérative rendent compte des enjeux concernant leur statut, comme des effets de système qu’ils entretiennent avec la démocratie représentative. Elles les décrivent finement, que ce soit pour en faire l’apologie ou pour les présenter comme les ruses d’un néo-libéralisme en mal de légitimité. Trop peu d’entre elles mettent l’accent sur l’une des redondances les plus remarquables de ces processus : la pratique dynamique et innovante qu’en ont les citoyens.