Décès de Jean-Marie Demaldent
Nous avons appris avec une immense tristesse la disparition brutale de Jean-Marie Demaldent à l’âge de 77 ans, emporté par une grave maladie le 26 août dernier.
Professeur de science politique, notre collègue a enseigné pendant plus de quarante ans dans notre université, qu’il avait rejointe en 1969 comme assistant. Tout le long de sa carrière, il prouva son fort attachement à Nanterre en servant son université avec un immense dévouement, que ce soit dans ses responsabilités administratives – notamment comme directeur de l’UFR SJAP de 1988 à 1993 – ou dans l’engagement syndical. Son professionnalisme sans faille et son entière disponibilité pour les étudiant·es étaient bien connus. L’intérêt pour la pédagogie, la simplicité et l’immense culture de Jean-Marie Demaldent ont ainsi marqué des générations d’étudiant·es, tant humainement qu’intellectuellement. Il ne manquait pas non plus d’accueillir avec chaleur et camaraderie les jeunes collègues récemment recruté·es et leur prodiguait avec générosité de nombreux conseils. Il a également contribué à l’ouverture de nos cursus à travers la coopération avec plusieurs universités d’Europe de l’Est et de Turquie. Mais plus encore, Jean-Marie Demaldent était la gentillesse faite homme : son désintéressement et son équanimité, allié à un humour infatigable et parfois grinçant, faisaient de lui une personnalité singulière et particulièrement attachante dans un milieu professionnel bien souvent travaillé par le narcissisme et l’esprit de sérieux.
Spécialiste d’histoire des idées politiques, Jean-Marie Demaldent avait d’abord réalisé une thèse marquante (et critique) sur le marxisme althussérien. Il en avait gardé un goût jamais démenti pour les concepts et la philosophie politique. Sans abandonner ce premier domaine auquel il avait consacré un beau manuel paru en 1997 (co-écrit avec Yves Guchet), il s’était ensuite tourné vers la question d’Orient, l’histoire du monde ottoman et de la Turquie moderne, pays pour lequel il a développé une intense passion. Toutefois son érudition ne se limitait pas là : elle était celle d’un authentique humaniste et d’un savant comme on n’en fait plus, nourrie par une insatiable curiosité intellectuelle et un sens particulier d’ouverture sur le monde. Depuis son départ à la retraite, il n’avait jamais cessé comme professeur émérite de poursuivre inlassablement ses recherches et son travail d’écriture, tout en continuant d’encadrer les travaux de ses doctorant·e·s sur une grande diversité de sujets. Cette polyvalence, jointe à une saine distance vis-à-vis des querelles de chapelles et une certaine ironie face aux attitudes doctrinaires, en faisait une figure originale et rare de la science politique française.
C’est aussi tout un pan d’histoire de notre établissement qui s’en va avec Jean-Marie. Son départ laisse l’ensemble des collègues qui l’ont connu et côtoyé dans une grande peine. Toutes et tous se souviendront de la haute qualité de sa conversation, de son esprit plein de drôlerie et de sa remarquable humanité.
Le département de science politique et l’UFR DSP de Nanterre, ses élèves nanterrois, son laboratoire l’Institut des Sciences Sociales du Politique (ISP), l’ensemble de ses collègues universitaires et ses ami·es s’associent à la tristesse de sa famille et pensent à Jean-Marie avec une reconnaissance pleine d’émotion.