De la chasse aux bandits à la guerre contre les « terroristes ». Un marché de la protection internationalisé au Sahel./ Tanguy Quidelleur

Soutenances de thèse

Résumé de la thèse

Depuis le début de la guerre au Nord du Mali en 2012, les violences n’ont eu de cesse de se diffuser dans le pays et de gagner de nouveaux territoires, notamment au Burkina Faso voisin.

L’apparition d’un conflit armé devenu régional a été favorisée par l’éparpillement géographique des combattants djihadistes, les opérations militaires, la mise en armes des conflits socio-politiques et les interventions internationales. Dans ces configurations violentes, les populations ont organisé la mise en place de groupes d’autodéfense qui forment « un marché de la protection ». Comment ces mobilisations armées en zone rurale, trop souvent perçues comme des phénomènes périphériques, ont-elles pu s’implanter dans les arènes politiques locales et nationales, mais aussi, avoir accès aux prébendes de l’international ?

À partir d’une enquête de terrain de douze mois, menée entre 2017 et 2022 dans les deux pays, la présente thèse propose une ethnographie des groupes d’autodéfense et vise à expliquer leur diffusion. À rebours des approches en termes de « faillite » des États, la recherche analyse leur rôle dans le passage du vigilantisme à des dispositifs miliciens et, plus largement, dans la guerre. L’étude des transformations de ces mobilisations accorde une attention particulière aux trajectoires biographiques, aux circulations des pratiques et à la (re)production des hiérarchies sociales.

Enfin, la thèse met en lumière un aspect peu regardé des groupes d’autodéfense, à savoir, leurs interactions avec les différentes interventions internationales. Les incitations à profiter des dividendes de la « guerre contre le terrorisme » favorisent la formation de nouveaux espaces politiques d’intermédiation et accompagnent le processus de milicianisation des sociétés sahéliennes.

Mots cles : Burkina Faso ; Conflits armés ; Mali ; Milices ; Mobilisations armées ; Interventions internationales ; Vigilantisme ; Violence.

Informations pratiques

Jeudi 8 juin 2023
> 13h30
Bâtiment Pierre Grappin, salle B016, université Paris Nanterre

Composition du jury

Marielle Debos, maîtresse de conférences HDR, université Paris Nanterre, ISP, co-directrice Gilles Dorronsoro, professeur des universités, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CESSP Pascale Laborier, professeure des universités, université Paris Nanterre, ISP, co-directrice Sandrine Lefranc, directrice de recherche CNRS, CEE-Sciences Po Lamine Savané, maître de conférences en science politique, Université de Ségou, Pilot African Potsgraduate Academy Koen VLASSENROOT,  Professor, Ghent University, rapporteur