Un prénom, à quoi ça sert ?

Samedi 12 février 2022

A la fois outil d’identification officielle et objet de mode, difficile aujourd’hui, d’échapper à notre prénom.

Avec
  • Baptiste Coulmont professeur de sociologie à l’Ecole Normale Supérieure Paris Saclay
Ce n’est qu’à la Révolution et avec la laïcisation de l’Etat civil que le terme « prénom » se substitue au « nom de baptême » ou « petit nom », que le concept juridique de prénom est inventé. A partir de 1803 et par la loi du 11 germinal an XI, le choix du prénom en France passe sous contrôle étatique, seuls sont autorisés les prénoms du calendrier et ceux des personnages historiques. 219 ans plus tard, le candidat Eric Zemmour en fait un sujet de campagne et appelle au rétablissement de cette loi modifiée, allégée en 1966 puis 1993, soulignant de fait, l’enjeu politique du prénom. A la fois outil d’identification officielle et objet de mode, difficile aujourd’hui, d’échapper à notre prénom. De l’école à la vie professionnelle, en passant par la maison et nos identités numériques, il est utilisé partout et à tous moments. Il signe notre singularité autant que notre appartenance à un groupe social. Il envoie des informations sur notre âge, nos origines, notre sexe. Il est pour les parents, un moyen d’expression, un symbole soumis à l’évolution des goûts et des tendances et… de plus en plus détaché des logiques familiales de transmission. Enfin le prénom, aux confluents de la sphère privée et de la sphère publique, est aujourd’hui au cœur des problématiques de genre et de discrimination.

Source :  https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/culturesmonde-emission-du-lundi-27-mars-2023-7661887