Administrer le travail des « Nord-Africains » en métropole (1919-fin des années 1940) : contribution à une socio-histoire de l’État en contexte impérial./ Hugo Mulonnière

Soutenances de thèse

Résumé de la thèse

Cette thèse retrace l’histoire des services de la « main-d’œuvre nord-africaine » du ministère du Travail, de leurs agents, ainsi que des politiques qu’ils élaborent et mettent en œuvre entre le lendemain de la Première Guerre mondiale et la fin des années 1940. Elle démontre en quoi cette administration constitue l’un des lieux centraux de la construction des « Nord-Africains » en une catégorie de population d’exception et interroge les usages politiques, économiques et administratifs qui sont faits de cette production continuelle de la différence.

Entre 1919 et 1939, l’encadrement des travailleurs originaires d’Afrique du Nord en métropole est caractérisé par un vide institutionnel, marqué par une régulation différenciée en fonction du statut juridique des intéressés, qui se répartissent en « sujets » et « protégés ». Le temps de guerre précipite ce que le temps de paix n’avait pas permis de réaliser, par la création d’un service de la main-d’œuvre indigène nord-africaine et coloniale (SMOI), pérennisé sous le régime de Vichy. À la Libération, c’est par le « social » que l’administration de la « main-d’œuvre nord-africaine » est redéfinie, dans le cadre de nouveaux services d’exception légitimés par une mission renouvelée.

La conviction largement partagée que les « Nord-Africains » constituent des travailleurs spécifiques justifie la quête d’un personnel de « spécialistes » pour les administrer. La présente recherche rend compte de l’évolution des critères de recrutement de ces experts et la manière dont ils sont effectivement appliqués.

Enfin, cette thèse interroge le caractère impérial de l’administration du Travail, en observant la manière dont ses agents conjuguent les impératifs de contrôle de la main-d’œuvre à ceux de la « mission civilisatrice ».

Informations pratiques

Mardi 4 avril 2023
> 14h00
Bâtiment Pierre Grappin, salle B015, université Paris Nanterre

Composition du jury

Raphaëlle Branche, professeure des universités, université Paris Nanterre
Laure Pitti, maîtresse de conférences HDR, université Paris 8 Vincennes-Saint Denis
Jacques Cantier, professeur des universités, université de Toulouse Jean Jaurès
Emmanuel Blanchard, maître de conférences HDR, université Versailles Saint-Quentin
Amelia H. Lyons, associate professor, university of central Florida
Sylvain Laurens, directeur d’études, EHESS
Vincent Viet, chargé de mission recherche (ministère de la Santé), Cermes 3