Comment le commerce des objets sexuels s’est-il structuré ? Quels renversements successifs a-t-il connu, au fil de l’évolution des pratiques culturelles et intimes ?

Avec

Baptiste Coulmont professeur de sociologie à l’Ecole Normale Supérieure Paris Saclay
Virginie Girod, docteure en histoire, spécialiste de l’histoire des femmes et de la sexualité

Une sexualité sans partenaire, sans contact, sans salissure, grâce à des objets aux technologies toujours plus complexes ? Les géants de la “sextech”, dans le sillon ouvert par le succès commercial du Womanizer depuis 2014, promettent de nous propulser par des jouets connectés et intelligents vers une nouvelle ère du fantasme.
La réalité aurait-elle dépassé la pensée de Freud et de ses continuateurs, qui parlent de “relation d’objet” pour désigner le rapport toujours pulsionnel qu’a le sujet avec les objets qui constituent le monde dans lequel il vit ? Pourtant, bien avant la naissance de Freud, la sexualité était de longue date le lieu d’interventions techniques. Les sex-toys s’immisçaient déjà dans les relations intimes au paléolithique et ont accompagné l’histoire humaine depuis. Il n’a pas fallu attendre le féminisme de 3e génération et ses revendications pour une juste reconnaissance du clitoris, pour voir poindre un commerce profitable d’objets sexuels.