L’école malgré la guerre, l’école grâce à la guerre ? Des enfants et des familles algériennes à l’épreuve de la guerre d’indépendance (1954-1962) . / Lydia Hadj-Ahmed

Soutenances de thèse

Résumé de la thèse

Cette thèse se penche sur l’histoire des enfants algériens ayant connu une ou plusieurs formes d’éducation scolaire pendant la guerre d’indépendance algérienne entre 1954 et 1962. Bien qu’il s’agisse d’un processus entamé dès 1944, c’est pendant la guerre que la scolarisation de ces enfants devient un enjeu politique majeur pour le maintien de l’Algérie française. Notamment centrée sur les initiatives de l’armée française, cette thèse montre comment la guerre constitue un moment profondément réformateur de l’Algérie coloniale, avec la naissance d’initiatives scolaires inédites, notamment celles qui sont portées par les militaires. Loin d’être sanctuarisée, l’école devient le théâtre d’un affrontement entre l’État colonial français et le FLN (Front de Libération Nationale), cherchant à rallier les familles algériennes à leur cause. Notre travail montre comment la guerre constitue ainsi, du point de vue des familles, un moment de reconfiguration de leurs projets éducatifs et de dessaisissement de leur autorité, dans un contexte d’augmentation croissante des violences et de la répression. Cette enquête articule alors plus spécifiquement histoire de l’éducation et histoire de l’enfance en guerre, en interrogeant les vécus scolaires des enfants et leurs expériences de la guerre. À travers une enquête orale et l’analyse de dessins inédits, cette thèse explore l’hétérogénéité des vécus de la guerre, fragmentés par des variables géographiques, sociales, de genre et d’âge. Pour une partie des élèves algériens, les plus âgés, l’école devient un espace et un moteur de mobilisation politique inédite. Les différentes écoles qu’ils connaissent leur ménagent toutefois des temps et des espaces qui, même lorsqu’ils sont éphémères, les soustraient provisoirement aux violences de la guerre.

Résumé de la thèse en anglais :

This thesis examines the history of Algerian children who experienced one or more forms of schooling during the Algerian War of Independence, between 1954 and 1962. Although this is a process that began in 1944, it was during the war that schooling became a major political issue for the maintenance of French Algeria. Focusing on the initiatives of the French army, this thesis shows how the war constituted a moment of deep changes in colonial Algeria, with the birth of unprecedented educational initiatives, particularly those carried out by the military. Far from being sanctuaries, schools became the scene of a confrontation between the French colonial state and the FLN (Front de Libération Nationale), which both sought to rally Algerian families to their cause. This thesis sheds light on how, from the point of view of the families, the war was a moment of reconfiguration of their educational projects and of divestment of their authority, in a context of increasing violence and repression. More specifically, this investigation bears on the history of education and the history of childhood in war, by questioning the school experiences of children and their experiences of war. Through an oral survey and the analysis of a corpus of unpublished drawings, this thesis further explores the heterogeneity of the experiences of the war, fragmented by geographical, social, gender, and age variables. For some of the older Algerian students, school became a space and an engine for unprecedented political mobilization. Yet, the different schools they experienced also provided them with times and spaces in which, even if ephemerally, they were temporarily removed from the violence and misery of the war.

Informations pratiques

Jeudi 1er décembre 2022
> 9h00
Université Paris Nanterre, Bâtiment B (Pierre Grappin), en salle B015, René Rémond.

Une visioconférence permettra de la suivre à distance.

Composition du jury

Raphaëlle Branche, professeure des universités, université Paris Nanterre Jean-François Condette, professeure des universités, université de Lille Manon Pignot, maîtresse de conférence HDR, université Picardie Jules-Verne Rebecca Rogers, professeure des universités,  université de Paris Emmanuel Saint-Fuscien, directeur d’études, EHESS Sylvie Thénault, directrice de recherche, CNRS